Jésus de Nazareth, un sauveur pas comme les autres.

Nous sommes à l’aube des célébrations de la Passion du Christ et comme chaque année, l’Église nous donne de méditer sur ce mystère central de notre foi. Cette année toutefois, une réalité a particulièrement attiré mon attention : Jésus est tombé plusieurs fois.

Dans un précédent article, Frère Baudry en parlait déjà, mais je ne peux m’empêcher de revenir sur ce point. Pourquoi ? Parce que la vie est dure et qu’on se prend souvent des tartes dans la figure. Dans ces moments-là, avouons-le, ça console de se dire que le Christ aussi s’est pris le sol en pleine figure et ce, plusieurs fois.

Plus sérieusement, il y a quelque chose de profondément bouleversant dans l’expérience extrême qu’est la Passion du Christ. En effet, c’est en pleurant, souffrant, tombant et mourant comme un homme, que Dieu nous sauve. N’est-ce-pas un peu paradoxal ?

Un sauveur d’un genre nouveau.

Petit, j’étais fan de la série “Loïs et Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman”. Je rêvais littéralement d’être Superman quand je serais grand ! Je voulais être aussi charismatique que lui ; de sauver les gens avec autant de classe, de panache et d’élégance que lui. Épouser Loïs Lane aurait été la cerise sur le gâteau !

Teri Hatcher et Dean Cain dans les rôles de Loïs Lane et Clark Kent / Superman

Quand j’y repense, je me dis qu’il y a dans cette fascination pour le personnage de Superman en particulier et pour les superhéros en général, la probable manifestation d’un rêve de toute-puissance. Superman, Batman, Ironman ou Aquaman réalisent, avec leurs superpouvoirs, ressources financières ou connaissances scientifiques, des prouesses et des exploits qui défient les limites de la condition humaine : ils sont au-dessus de nous.

En établissant un parallèle avec Jésus de Nazareth, celui que notre foi reconnait comme étant Le Sauveur de l’humanité, on ne peut qu’être déconcerté par ses méthodes et son modèle.

« Ni par la force, ni par la puissance… »

Zacharie 4,6

En effet, bien qu’étant capable d’opérer des signes et des prodiges, au moment où le Christ se retrouve dans la situation la plus vulnérable et la pus critique de sa vie terrestre, il choisit de s’abandonner.

Au moment de livrer le combat ultime de sa vie, celui contre le mal, le péché et la mort, Jésus n’utilise pas une force herculéenne, des rayons lasers ou des armes de destruction massive. D’ailleurs, la cape qu’il porte lui est affublée pour le tourner en ridicule. Loin des cheveux gominés de Superman, du regard ténébreux deBatman ou des muscles saillants d’Aquaman, ce sauveur-là a une apparence, osons le dire, plutôt pathétique…

« Il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ».

Isaïe 53, 2-3

Mais pourquoi cela ? Peut-on se demander… Pourquoi s’humilier autant, se laisser faire et accepter le poids, l’horreur et la laideur de la souffrance. Ce que j’en tire, c’est que le Christ n’a pas voulu nous prendre de haut ; il n’a pas pris de raccourcis ; il n’a pas méprisé notre condition humaine avec ce qu’elle comporte de dramatique ou de tragique.

Dieu a assumé notre humanité par amour, excepté le péché et a embrassé notre faiblesse sur la croix. D’une certaine façon, il nous libère de la honte liée parfois à l’expérience de la souffrance. En effet, la souffrance nous pousse de temps en temps à l’isolement et au silence. Elle semble parfois nous voler notre dignité, notre humanité, notre beauté

Mais pour le Christ, Messie Souffrant et de fait, compatissant, les causes de nos humiliations sont autant de prétextes qui nous rapprochent ; qui en font l’un de nous, et qui nous rendent beaux à ses yeux.

 « Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime »

Isaïe 43,04

Jésus a choisi d’être compté parmi le rang de ceux qui pleurent, de ceux qui tombent et qui frôlent le désespoir. Il a choisi de se rendre solidaire de nous et de se glorifier dans la souffrance et dans la mort. Pas pour la justifier, ni pour la légitimer, mais pour la transcender dans l’Amour. 

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Excédé par certaines épreuves de la vie, je suis souvent tenté de croire que Dieu en est coresponsable. Toutefois, en contemplant la figure de son Fils Jésus en croix, je m’ouvre à une autre perspective ; à un autre regard sur la vie et sur le mal. Un mal que l’on peut chercher à expliquer de mille manières, mais que Dieu dans sa sagesse n’a pas voulu supprimer. Une expérience qu’Il a choisi de prendre sur lui en son Fils, et de transformer en instrument de Salut.

Ainsi, comme l’apôtre Paul, glorifions-nous de nos faiblesses et accueillons la tendresse, la solidarité et la compassion de notre Dieu. Relevons nos têtes et marchons dans la paix, la joie et l’espérance. Oui, le Sauveur de l’humanité est l’allié de ceux qui souffrent. Allons boire à sa source, laissons-le nous laver les pieds, présentons-lui nos blessures, nos fardeaux et nos peines, car Il veut les embrasser. Accueillons sa grâce et nous serons sauvés !

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« Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. »

Paul Claudel

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