Jésus de Nazareth : La Force De Ne Pas Contrôler.

Le texte évoque la scène biblique où Jésus, retournant dans son village, est accueilli par le scepticisme de ses proches. L’auteur est touché par l’étonnement de Jésus et médite sur la signification de cette réaction. Il explore l’idée que Jésus incarne une humilité et une acceptation des limites humaines, tout en soulignant combien ces limites peuvent être une source de croissance et de relation avec Dieu.

L’Évangile de ce quatorzième du dimanche ordinaire a résonné en moi comme une série de phrases coups de poings. Pourtant, c’est un texte que je connais bien, un épisode de la vie de Jésus qui semble d’ailleurs assez populaire. Ce moment où il se rend dans son lieu d’origine, en compagnie de ses disciples, et où sa prédication se heurte à la consternation de ses proches :

Marc 6, 2-3

Face à cette réaction pour le moins sceptique, on dit de Jésus une chose qui m’a interpellé. Au-delà du fameux, « nul n’est prophète chez soi », c’est une autre phrase qui a retenu mon attention…

« Il s’étonna »

Marc 6, 6

Je ne peux pas m’empêcher de sourire en imaginant la scène, d’être attendri ! C’est comme regarder un enfant découvrir le monde. Sauf que là, il s’agit de Jésus ; trentenaire et surtout, Fils de Dieu !

Je ne sais pas vous, mais je trouve presque choquant que le Christ, Dieu donc, s’étonne devant des réactions humaines. N’est-ce-pas Lui qui nous a faits ?

Pourtant, à travers la vie du Fils, je découvre un Dieu qui n’est pas dans ce que je pourrais qualifier de maîtrise.

N’est-ce-pas un peu étrange quand on professe la foi en un Dieu Tout-Puissant et Créateur ? C’est paradoxal ! Comment peut-on s’étonner de sa création ? La question me trouble encore…

Cependant, j’ai l’intuition, parce que j’ai confiance dans les évangiles, que derrière ce qui semble être une contradiction, se trouve certainement un message.


Le Club des Petits.

Photo de Gift Habeshaw sur Unsplash
Luc 18,17.

Dieu aime les enfants, je crois que ça ne fait aucun doute. À en juger par ses propres paroles, ceux-ci possèdent les clefs, les secrets de Son Royaume. Devant des disciples agacés comme on peut l’être parfois devant des enfants, Jésus, familier de la subversion, prend le contre-pied ! Fidèle à ce qui parait être une ligne ; une caractéristique de son annonce : les plus petits au premier rang. Sacré Jésus !

Les enfants sont donc nos Maîtres Spirituels. Ainsi, il n’est pas insensé de découvrir que Jésus porte en lui des dispositions enfantines. Comme eux, il s’étonne, découvre, s’émeut, apprend !

Jésus se laisse déstabiliser, décontenancer par l’expérience humaine de temps en temps. Il n’est pas un bloc de marbre, immobile et froid. Il n’est pas non plus un « Monsieur je-sais-tout ». Cependant, il sait qui il est. Il le sait suffisamment pour ne pas se perdre en revendications excessives, pour ne pas s’imposer. En cela, il nous livre une autre leçon de sagesse.


Respecter les limites

Les limites, ce n’est pas vendeur ! Surtout à l’époque actuelle. On est plutôt dans l’ère du no-limit. Néanmoins, en observant le Dieu de la Bible, force est de constater qu’il les aime bien. On le voit mettre chaque chose à sa place quand il crée le monde, donner des règles de vie à l’homme, à la femme, à son peuple, etc. En outre, s’il y a bien une idée que chrétiens et non-chrétiens semblent partager, c’est la nature oppressante de ces limites, de ces règles, de ces lois.

Je ne fais pas exception. Les limites, je ne trouve pas ça toujours sexy. Cependant, l’une des leçons les plus importantes de ma vie a été d’accepter que je ne pouvais pas TOUT faire, tout être, être partout, tout le temps ; bref, vous saisissez l’idée. C’est une leçon que j’ai apprise (et continue d’apprendre) avec peine, dans la souffrance, dans les larmes, dans l’échec même. Là encore, rien pour attirer les regards…

Pourtant, la limite n’est pas une fatalité. Dans la foi, elle peut même devenir chemin. Rencontrer ses limites, c’est rencontrer son humanité. C’est aussi rencontrer l’autre, l’inconnu, le mystère, le changement, et Dieu, le Tout-Autre.

C’est le lieu de vous livrer l’autre parole qui m’a marqué dans l’Évangile d’hier :

Marc 6, 5

Cette phrase m’a sidéré. Elle me rejoint en une saison de grande réflexion et de travail sur l’estime de soi. Comme je l’évoquais déjà plus haut, l’attitude de Jésus m’apparaît très pertinente en ce sens. Confronté à un entourage qui doute de lui, qui questionne l’intégrité de son ministère, il ne discute pas.

Qu’aurais-je fait à sa place ? À en juger par mon passif, j’aurais été contrarié au possible ! Outré même. J’aurais intériorisé ce mépris, je l’aurais pris sur moi, en moi. J’aurais fait un pacte inconscient avec lui et je me serais débattu avec.

Aurais-je tenté de les séduire, de les gagner à ma cause, de changer, convaincre, retourner l’image qu’ils ont de moi ? Là encore, c’est fort possible.

Photo de Bluebird Images sur Unsplash

L’idée même Jésus puisse ne pas être capable d’accomplir des miracles dans certains cas me stupéfie comme rarement auparavant. Surtout quand je pense à tous les discours volontaristes d’aujourd’hui, à toutes les injonctions au succès, à la performance, à la réussite, coûte que coûte. Une logique qui s’invite partout ; y compris dans nos relations interpersonnelles dans lesquelles nous déployons parfois les stratégies les plus folles pour défendre image, égo, réputation et désirs.

Si même Jésus se heurte à des murs, je crois que l’on devrait réfléchir à notre rapport à l’opposition, à la contradiction ou au rejet, et savoir quand renoncer. C’est un éloge puissant d’humilité, de sagesse, d’estime de soi et de confiance.

Ézékiel 2,5

Dieu dans notre chair

La Vie de Jésus est une école extraordinaire. À travers son Incarnation, le Seigneur nous apprend comment composer avec la réalité, y compris quand elle nous dépasse. Une pédagogie qui s’inscrit dans l’histoire d’un homme réel. Un homme qui nait, grandit, apprend, comprend, souffre, etc.

En lui, Dieu nous rejoint dans notre humanité faite d’imprévus, de contrariétés, de chocs ; faisant tout concourir à notre bien par une Puissance et un Art dont Lui seul détient le secret.

Un don qui peut conduire à se réjouir de sa faiblesse, à se glorifier d’être petit. Parce qu’à quoi sert d’être un grand homme, quand on a un grand Dieu ?

Un Pouvoir qui nous dépasse infiniment ; qui ne peut s’expliquer, mais qui peut transformer notre quotidien parfois anxiogène. Ce pouvoir, c’est la Foi.

Photo de Alex Radelich sur Unsplash
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