Jean-Baptiste et le doute du croyant !

Nous voici à quelques jours de la fête de Noël, la fête du “Dieu avec nous” ! L’an dernier, je vous disais à quel point le fait de savoir qu’un Dieu venait pour moi, pour nous, me procurait un doux réconfort. Aujourd’hui encore, pour ce temps de l’Avent, temps de la grande espérance, je voudrais m’attarder sur une figure phare : Jean le Baptiste ! 

En quoi m’intéresse-t-il ?

Vous avez dû le remarquer, un certain nombre de mes méditations tournent autour des personnes ayant eu un contact particulier avec le Christ dans les évangiles. Pour moi, chacun de nous peut se retrouver à différents moments, dans la situation de l’une ou l’autre de ces figures. Dans une même journée, nous pouvons être tour à tour Pierre, Paul et même Judas ! 

En ce qui concerne Jean le Baptiste, j’ai été particulièrement frappé lorsqu’il envoya des disciples demander à Jésus :

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3)

Comment est-ce possible ? Quel étrange paradoxe ? Tout le monde aurait pu douter de sa messianité, mais pas lui ! Il fut le tout premier à lui rendre témoignage à l’aube de son ministère public et aujourd’hui, le voici qui doute. Quelques théologiens tentèrent de justifier ce paradoxe par une volonté de Jean de permettre que ses disciples entendent, de la bouche même de Jésus, qu’Il est le Messie attendu.

Sans doute, point de foi ! 

Pourquoi vouloir masquer sa « nuit de la foi » ? Pourquoi effacer le doute visible de Jean-Baptiste ? N’est-il pas commun, pour les hommes de foi, de douter, de s’interroger sur la vérité qu’on proclame, même quand on en est le plus grand héraut ?  Au-delà de la nuit de Jean-Baptiste, je suis également décontenancé par la réponse que Jésus adresse aux disciples de Jean :

« De tous les hommes nés d’une femme, aucun ne fut plus grand que Jean le Baptiste… » (Mt 11,11).

Ce bout de phrase est lourd de sens pour moi qui suis si instable dans ma foi.  Le Christ réitère la grandeur de Jean. Il considère toujours le témoignage rendu par celui-ci, au plus fort de sa foi. Souvenons-nous, Jean se trouve en prison (Mt 11, 4) ! Les circonstances ont surement altéré son espérance et l’épreuve, atténué sa foi. Mais à cet instant, au cœur de sa nuit obscure, le Seigneur l’honore. N’ayons donc pas peur de jouer franc-jeu avec Dieu. 

Renoncer à la maîtrise

Le cri est aussi une forme de prière. Une prière dénuée de toute once d’hypocrisie, de tout vernis superflu. Dans l’épreuve, le Seigneur sait ce que nous vivons et Il marche avec nous. Il est à la fois l’origine et le contenu de ce que nous professons et vivons.  Le Seigneur retient ce que notre cœur ressent pour Lui. Malgré l’instabilité humaine, Il connait la ferveur et la sincérité de notre quête d’Amour, de son Amour…

La précarité et la vulnérabilité de Jean m’interpellent profondément, surtout lorsque les choses ne se passent pas suivant mes schémas et mes pensées. Qui suis-je pour « connaitre » Dieu ? Qui suis-je pour vouloir le « posséder » ? La vulnérabilité et l’incompréhension sont parties intégrantes du cheminement de la foi. Cerner Dieu n’est pas du ressort de l’être humain, autrement, il serait l’égal de Dieu.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). 

Même le Christ a expérimenté le chemin qui correspond à notre condition : doute et confiance, abattement et réconfort. Tous les hommes et les femmes de foi ont fait l’expérience de cette tension. Or, le Seigneur considère toujours cette attente, cette soif qui se résume en Lui-même. Elle témoigne de l’indispensabilité du Christ dans nos vies.

Je suis donc réconforté, car je sais que mon doute n’effraie pas Dieu, que ma crise l’interpelle et qu’à ma tension vers Lui, une réponse sera donnée. Elle ne sera pas nécessairement celle que j’imagine, mais elle sera toujours la réponse qu’il me faudra.


Hymne de la liturgie des heures – Temps de l’Avent, D. Rimaud — CNPL

Lumière pour l’homme aujourd’hui

Qui vient depuis que sur la terre

Il est un pauvre qui t’espère,

Atteins jusqu’à l’aveugle en moi :

Touche mes yeux afin qu’ils voient

De quel amour

Tu me poursuis.

Comment savoir d’où vient le jour

Si je ne reconnais ma nuit ?

Semence éternelle en mon corps

Vivante en moi plus que moi-même

Depuis le temps de mon baptême,

Féconde mes terrains nouveaux :

Germe dans l’ombre de mes os

Car je ne suis

Que cendre encore.

Comment savoir quelle est ta vie,

Si je n’accepte pas ma mort ?

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