« Ils prirent un certain Simon de Cyrène… et ils le chargèrent de la Croix »
Luc 23,26
Pauvre Simon de Cyrène ! Sa journée s’annonçait sans doute comme toutes les autres… Il se rendait probablement à la campagne, afin de prendre soin de ses champs. Mais voici que sur le chemin du retour, il se retrouve embarqué dans une histoire dont il ne connaît ni les tenants ni les aboutissants ! Presque malgré lui, il se retrouvera au milieu de l’Histoire du Salut et son nom restera à jamais gravé dans la mémoire des chrétiens : il est celui qui aura aidé Jésus à porter sa Croix sur le chemin du Calvaire.
Qu’il l’ait voulu ou non, désiré ou pas, il a dû cependant faire un choix ! Face à cet homme défiguré, face à cet être malmené, peut-être a-t-il été saisi de compassion ?
« Et si c’était moi à sa place ? Comment voudrais-je qu’autrui agisse à mon égard ? »
Le détour de Simon fera toute la différence ! Sorti ce matin-là pour s’adonner à ses affaires et probablement subvenir aux besoins de sa famille, il rentrera ouvrier du Royaume et partenaire du Christ.
Contrairement à Simon de Cyrène, nombre d’entre nous avons choisi de suivre le Christ, de nous charger « de la croix pour la porter derrière Jésus. » (Lc 23,26) Mais sommes-nous toujours présents pour celui qui peine sur le chemin ? Porter la Croix à la suite du Christ reste abstrait jusqu’au moment où nous nous retrouvons interpelé sur le chemin, comme Simon de Cyrène, par cette personne accablée, rejetée, moquée, humiliée.
Quel choix faisons-nous à cet instant ?
Sommes-nous prêts à faire le détour pour peiner avec cette personne ? Simon ne savait pas où le mènerait le chemin qu’il prenait derrière Jésus ce vendredi-là. Mais nous, nous savons où mène ce chemin de Croix. Par sa résurrection, le Christ a déjà spoilé pour nous la fin du livre. Nous savons la gloire qui nous attend, mais sommes-nous prêts à endurer avec l’autre la douleur qui la précède ? En effet, « les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. » (Rm 8,18) Si seulement nous sommes prêts à répondre présents en tout temps et en tout lieu.
Cela me rappelle une de mes scènes préférées dans le film “Le Seigneur Des Anneaux : Le Retour Du Roi“, lorsque Sam, parlant à Frodon de la charge de l’anneau qui l’écrase, lui dit : « Allez monsieur Frodon, je ne peux le porter pour vous, mais je peux vous porter ! »
Nous n’avons pas besoin d’être les héros de l’histoire, tant que nous pouvons humblement remplir notre rôle de soutien. Soyons donc des Sam Gamegie pour nos frères et sœurs humains !