Comprendre le Baptême et la Conversion, à l’école de saint Paul

« La grâce sanctifiante est un don habituel, une disposition stable et surnaturelle perfectionnant l’âme même pour la rendre capable de vivre avec Dieu, d’agir par son amour. On distinguera la grâce habituelle, disposition permanente à vivre et à agir selon l’appel divin, et les grâces actuelles qui désignent les interventions divines soit à l’origine de la conversion, soit au cours de l’œuvre de la sanctification. »

Catéchisme de l'Église Catholique

Lundi dernier, la liturgie nous a donné de commémorer la conversion de l’apôtre Paul à travers des textes saisissants ! Dans la première lecture, tirée des actes des apôtres au chapitre 9, l’ancien persécuteur de l’église naissante raconte à travers un récit poignant la rencontre fulgurante qu’il fit avec le Christ Ressuscité sur le chemin de Damas. Ville où il se rendait justement pour enlever des chrétiens et les conduire à Jérusalem dans les chaînes, en vue d’un châtiment exemplaire…

Sur ce chemin jaillit une lumière qui le mit à terre et du ciel, la voix du Seigneur se révéla à lui :

« Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? (…) Je suis Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes ».

Je vous l’avoue, la lecture de ce récit me procure une émotion profonde. Un bouleversement qui vient probablement du fait que pour qui a déjà fait l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Seigneur, l’histoire de Paul a un retentissement particulier. En effet, ce n’est pas juste l’histoire d’un personnage lointain du premier siècle, c’est une histoire universelle, éternelle ; c’est l’histoire de tous ceux qui ont été saisis par le Christ Jésus !

Ainsi, j’ai été plongé dans le souvenir du moment où ma propre vie a été bouleversée par le Christ, où sa parole a percé les profondeurs de mon âme, où j’ai fait l’expérience de sa présence, de sa proximité, de son intimité… Et tout cela m’a donné envie de méditer sur l’expérience de la conversion !

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Un garçon sans histoire ?

J’avoue avoir énormément de mal à parler de « ma conversion » parce que dans la tête de beaucoup, la conversion sous-entend une forme de passage drastique d’une vie de débauche à une forme de « sainteté » immédiate. Une conception nourrie sans doute par un appétit généralement plus poussé pour les témoignages à sensations. Ce n’est cependant pas mon histoire.

Mon histoire à moi, n’est pas celle d’une ancienne racaille ou d’un enfant à problèmes ; d’ailleurs pour beaucoup de mes proches, l’idée même que je puisse parler de ma conversion n’a presque pas de sens, car de mémoire, j’ai toujours été un « gentil garçon ». Quelqu’un qui ne faisait que peu ou pas de vague ; obéissant, studieux et même religieux.

Mais, une fois à la Messe, à l’occasion d’une homélie relatant la conversion du Cardinal Newman, un théologien anglican converti au catholicisme, le Curé de ma paroisse parla de conversion « à l’intérieur même de sa vocation baptismale » !


Dès que j’entendis cette phrase, je fus saisi ! Et je peux dire que mon propre cheminement spirituel et intellectuel s’éclaira, qu’il prit sens !

Car oui, bien que baptisé bébé au sein de l’Église catholique, bien qu’héritier d’une tradition religieuse plurimillénaire et initié aux sacrements, je crois que le baptême fait de nous un chrétien, voire un saint « en puissance » ; c’est-à-dire, en devenir !

Ainsi, si je dois situer le moment de ma conversion, je dirais qu’il s’agit du moment de mon baptême tout simplement. Ce qu’il m’est donné de manifester aujourd’hui, est le fruit de l’Esprit-Saint dont je fus marqué par l’onction du Saint Chrême à un an, né à la vie du Royaume !

Photo de Julia Michelle sur Unsplash

« Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. »

Jean 3,5

Une vie à nourrir

Le Sacrement du Baptême plante en nous une semence, celle de la grâce sanctifiante qui « convertit », autrement dit, nous configure au Christ, nous transforme en la même image que Lui. Mais il faut y consentir. D’ailleurs, l’écriture sainte déclare : « l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné ! » (Rm 5,5). 

Mais si l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs comme une graine, la qualité du sol qu’est notre cœur, le lieu qui l’accueille et son entretien, sont aussi responsables de la fécondité de la semence ! Car la conversion n’est pas une opération magique, mais un processus ! Un processus initié par Dieu, mais auquel l’homme est appelé à participer par son obéissance, mais également son adhésion à l’Église !

Non seulement le Dieu qui nous a créés sans nous ne peut nous sauver sans nous (saint Augustin), mais on ne devient pas chrétien tout seul ! La Conversion est aussi le fruit de la proximité avec l’église, l’écriture sainte et les sacrements de la nouvelle alliance ! 

Le témoignage de saint Paul illustre d’ailleurs très bien cela. Bien qu’ayant bénéficié d’un contact personnel et direct avec Jésus-Christ, Il est conduit aveugle par le même Jésus auprès d’Ananie, un homme religieux qui lui rend la vue, interprète le mystère qu’il vient de vivre, lui révèle sa vocation et le baptise, tel un nouveau-né ! Il est par ailleurs confirmé dans son ministère par les « colonnes » de l’Église que sont : saint Pierre, saint Jacques le Juste et saint Jean, figures d’autorité de l’église primitive. (Gal 2,7-9)

De fait, la conversion, c’est tout cela, et si Paul est devenu un tel monument de la foi chrétienne, c’est par une œuvre de communion à l’image du Dieu Père, Fils et Esprit-Saint.

À la lumière de tout cela donc, je veux rendre grâce au Seigneur pour ma famille, pour l’église et pour toutes les figures qui ont nourri, inspiré et continuent de soutenir ma marche à la suite du Christ. Je prie également que, conformément à la promesse du Christ, vous puissiez trouver, chers lecteurs, pour la cause de votre Salut, des frères, des sœurs, des pères, des mères, des maisons, une église en somme, en dépit des persécutions et la vie éternelle, Amen !

Certes, nous travaillons nous aussi, mais nous ne faisons que travailler avec Dieu qui travaille. Car sa miséricorde nous a devancés pour que nous soyons guéris, car elle nous suit encore pour qu’une fois guéris, nous soyons vivifiés ; elle nous devance pour que nous soyons appelés, elle nous suit pour que nous soyons glorifiés ; elle nous devance pour que nous vivions selon la piété, elle nous suit pour que nous vivions à jamais avec Dieu, car sans lui nous ne pouvons rien faire (S. Augustin, nat. et grat. 31 : PL 44, 264).

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Photo par Cristian Palmer sur Unsplash

2 comments
  1. Merci pour ce beau partage !! Ton témoignage résonne avec ce que beaucoup d’entre nous ont vécu 🙏🏿🙏🏿🙏🏿

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