Au moment où j’aborde cet article, je ne sais pas forcément où ma plume va me mener ; l’amitié étant un sujet éminemment large et complexe. Toutefois, c’est une problématique qui me parait toujours actuelle. L’amitié est une valeur « refuge » et universelle ; une réalité qui cristallise souvent plus de passions qu’une relation amoureuse…
La première chose qui me vient spontanément, c’est la confusion et/ou l’opposition que l’on entretient entre amour et amitié. Je pense que cela vient du fait que le mot « Amour » dans la langue française, est utilisé pour traduire à la fois la relation que l’on peut entretenir avec un amant, l’attrait que l’on peut avoir pour un plat, un animal ou pour une chose.
Un mot « fourre-tout » donc, qui ne nous aide pas forcément à appréhender les nuances, les subtilités, voir les degrés de l’amour ; car il va s’en dire que l’on aime pas un(e) époux(se) comme on aime un parent, ses enfants ou son animal de compagnie. C’est quelque chose que la pensée grecque par exemple à bien compris en désignant l’amour par plusieurs mots (Agape, Eros, Philia…)
Pour en revenir donc à l’amitié qui nous intéresse aujourd’hui, il s’agit de l’amour Philia. Une forme d’amour, vécue dans un contexte particulier. Celui d’une élection mutuelle entre deux personnes, enracinée sur un socle commun : des valeurs, des idéaux, etc…
Les concepts d’élection et de mutualité ou de réciprocité, sont ceux qui retiennent particulièrement mon attention. L’élection suppose un choix, une décision libre et consciente. Cela signifie que l’amitié est une démarche intentionnelle. Elle n’est pas un dû, ni un acquis. Les hasards de la vie peuvent pousser des personnes à entretenir une certaine proximité, des mouvement intérieurs peuvent nous attirer et nous rendre complices les uns des autres; mais c’est dans un choix libre et responsable que l’amitié a vocation à s’épanouir. Un choix qui engage…
À ce stade de notre réflexion, vous trouverez peut-être qu’une telle conception de l’amitié a presque des allures de « mariage ». Et bien, je partage le même sentiment. Je ne pense pas d’ailleurs être le seul à croire que les mariages que l’on envie sont souvent ceux qui sont caractérisés par une amitié véritable entre les deux époux.
Revenons-en en la question du choix ; je ne sais pas vous, mais il m’est arrivé de connaître des déceptions amicales. En méditant longtemps sur les raisons profondes de ces déceptions, il m’est apparu qu’elles étaient liées au sentiment d’abandon. L’abandon, c’est une renonciation; l’arrêt d’un processus ou d’une démarche qui peut se faire de façon brutale ou de manière plus insidieuse; on se désintéresse… Je crois que l’abandon est un péché contre l’engagement.
Cependant, pour qu’il y ait péché contre l’engagement, encore faut-il qu’il y ait engagement ! Qu’une parole, une promesse ou un serment ait été prononcé. Les écritures disent d’ailleurs :