La Messe, ou l’art de faire Un !

« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps de Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain. » – 1 corinthiens 10 : 16-17

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La Messe ou célébration Eucharistique est un mystère qui m’a toujours fascinée. Elle est fascinante mais porte quelque chose de déroutant, de déconcertant, de dépossédant, de transcendant… Toutefois son aspect génère de multiples incompréhensions. Pour beaucoup, elle semble impersonnelle, machinale, désuète et pourtant, cette même apparence confond les préjugés en révélant le mystère profond de l’Église.

Avec la situation sanitaire actuelle, la Messe est vécue autrement, en ligne. Pourtant, le mystère qui la caractérise m’est apparu encore plus captivant et intriguant. Suivre la Messe en ligne a une saveur particulière, elle présente un doux paradoxe entre présence réelle et solitude sensible.

Nous vivons la Messe chacun de notre côté, parfois dans une solitude physique, et pourtant plus que jamais nous ne sommes pas seuls. Nous ne sommes pas seuls à vivre cela et nous ne sommes pas seuls à y participer, nous sommes un Corps. Nous ne connaissons ni ceux qui la suivent en même temps que nous en direct, ni ceux qui la suivront en différés mais nous savons, comme le curé dans Les Misérables disait à Jean Valjean qu’ils s’appellent « mon frère » et « ma sœur ». Nous sommes dans le familier et le particulier de nos maisons, la Messe en tant que telle semble nous dépayser, mais le virtuel nous conduit tous vers un nouveau chemin de grâce.

Le virtuel rend plus que vrai la béatitude de croire sans voir, en ne faisant pas écran à la plus réelle des présences. Nous vivons une communion qui nous transcende et ce mystère de notre unité, aussi attrayant que déconcertant est… l’Eucharistie !

L’Eucharistie, présence réelle du Christ qui se donne à nous, afin que nous soyons Un avec Lui et en Lui, que nous devenions Un avec tous les Hommes, car elle fait de nous son Corps sacramentel.  

L’Église fait l’Eucharistie, et l’Eucharistie fait l’Église” – Père de Lubac

À chaque fois que nous participons à la Messe, à la célébration Eucharistique, nous rencontrons le mystère même de l’Église et de notre propre identité, celle d’être le Corps du Christ ! Dès notre entrée à la Messe, c’est cette unité qui prévaut et qui anime toute la liturgie. Notre « je » si souvent récalcitrant, est invité à faire place au « nous » de la fraternité et au « Tu » Divin. Ce qui semble impersonnel, machinal et désuet se dévoile comme fondamentalement personnel et collectif (en ce temps encore plus!), comme un cœur battant à l’unisson, comme une nouveauté subtile qui nous fait cheminer vers le sommet de l’Amour et la source de notre vie chrétienne. 

Jésus, en se donnant à nous dans l’Eucharistie accomplit le rêve même de l’Amour, le désir infini de l’Amour, qui est de faire Un. Ainsi, le but ultime de l’Eucharistie, expression même de l’Amour de Dieu qui ne cesse de se donner pour nous et à nous jusque dans l’intime de nos êtres, est de rassembler l’Église dans la Charité ! Ce faisant, chaque Messe devient une triple école de charité : charité envers Dieu, envers soi, envers les autres. 

École de charité envers Dieu car venir à la Messe c’est répondre présent au rendez-vous de Dieu, c’est accepter d’étancher sa soif d’amour pour nous, c’est consentir à être fidèle à notre relation avec Lui, malgré nos envies. À la Messe, comme avec les disciples d’Emmaüs, c’est Dieu qui prend l’initiative. C’est Lui qui prépare notre coeur en débroussaillant nos ivraies, en prenant nos fardeaux, en nous mettant dans l’action de grâce, en mettant les semences de sa parole. Puis, à la Consécration, comme au repas avec les disciples d’Emmaüs, Il se fait reconnaître dans le Pain rompu. Lui-même en personne se donne encore et vient s’unir à nous, par-delà nos écrans !

École de charité envers nous-mêmes car à la Messe nous laissons le Seigneur faire son œuvre de Salut en nous. Effectivement, nous sommes présents au réel sacrifice de Jésus de la Croix et les grâces de la Rédemption s’y diffusent encore pour nous. Nous lui offrons nos vies et nous la relisons avec sa Lumière et sa Vérité. Nous apprenons la gratitude, le mot Eucharistie signifiant d’ailleurs action de grâce. Et nous laissons le Christ prendre soin de notre corps, de notre âme, de notre esprit, les visiter, les restaurer, les habiter, et les nourrir par sa Personne !

École de charité envers les autres car à la Messe, on n’est jamais seul et on ne vient jamais seul. À la Messe nous sommes un Corps avec les frères et sœurs présents, mais aussi avec tous ceux qui sont dans nos cœurs (positivement comme négativement), tous nos frères et sœurs en humanité ici-bas et dans la communion des saints. Quel plus cadeau pouvons-nous faire à ceux que nous portons dans nos cœurs, ainsi qu’à nos frères et sœurs en humanité, que de les offrir à Notre Père qui est leur Père, à Notre frère Jésus qui est leur frère, et au baiser d’amour du Saint-Esprit qui désire aussi les étreindre ?

Enfin, la Messe signifiant « envoi », à la fin de celle-ci, le Christ nous envoie comme avec les disciples, être à notre tour son « Corps » dans le monde, les petits secrétaires de sa miséricorde et de sa charité. Sa présence dans la Sainte Eucharistie vient nous transformer voire transfigurer à son image, afin d’être lumières pour nos frères et sœurs en humanité. 

« Recevez ce que vous êtes et devenez ce que vous recevez » – St. Augustin

Pour conclure, s’il est vrai que dans ce confinement nous sommes physiquement dispersés et que nous vivons la communion spirituelle plutôt que sacramentelle, la Messe même virtuelle continue de nous unir comme un seul Corps dans la présence Eucharistique. Parce que le confinement n’a pas raison de cette vérité fondamentale, parce que la forme ne contraint pas la puissance de Dieu.

Ainsi, et si aujourd’hui depuis nos maisons, nous consentions à vivre cette aventure amoureuse fougueusement, en répondant Oui à ce triple appel d’Amour ? Et si nous laissions nos cœurs se laisser vaincre par cet Amour inconditionnel qui a soif de nous et de nous voir faire Un avec Lui et l’humanité ?

Et si nous cultivons le désir de recevoir Dieu en nous ?

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« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » – Jean 17:20-21

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Photo par Mateus Campos Felipe sur Unsplash

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