« La plupart d’entre nous passons
par des temps émotionnellement très difficiles
lorsque nous perdons quelqu’un de manière tragique.
Ceux qui marchent par la foi s’en sortent,
et deviennent même meilleurs qu’ils ne l’étaient auparavant ».
Joyce Meyer.
Le 30 août 2024, j’ai perdu mon père. Six mois plus tôt, il m’avait formulé un vœu : celui d’écrire ses mémoires. « Pourquoi moi ? » Me suis-je demandé. Est-ce parce que je porte le prénom de sa mère ? Parce que j’ai écrit une thèse ? Entre questionnements, doutes et hésitations, je ne pus m’atteler à cet exercice.
Aujourd’hui pourtant, c’est à cœur joie que je lui consacre ces écrits qui sont à la fois les fruits de nos dernières discussions, ainsi que de mon cheminement intérieur avec l’Esprit-Saint.
« Voici ton fils. »
Jean 19,26.
« J'ai toujours dit que je vois en toi ma mère. Ce n’est pas pour rien que j’ai fait de toi son homonyme […]. Ma mère prédisait un bel avenir pour toi. Elle répétait sans cesse : […] Sois désormais la mère de ton père, je te le confie […]
Il y a un an, papa me fit ce message. Ce jour-là, je le reconnais, ses mots suscitèrent en moi de la méfiance. En effet, il précisa que sa mère, malgré ses mains tremblantes, avait insisté pour me prendre dans ses bras et me présenter, je cite : « à trois reprises à la lune », en me bénissant.
Lune, grand-mère malade, village… Autant de mots qui constituaient le champ lexical des autels de famille qui, à mon sens, devaient être brisés, rompus ! Mais aujourd’hui, je vois les choses autrement…
Papa s’appelait Jean-Espérance. À Jean, son prénom de naissance, il ajouta Espérance, après son baptême à l’Église Méthodiste en 2002. Quant à moi, à l’instar de Simon auquel Jésus donna le nom de Pierre (Jean 1 :42), je reçus le nom Marie-Espérance, quand vint le temps pour moi d’aller en mission.
Sur la croix, Jésus confie Jean, le disciple qu’il aimait à Marie. Je suis convaincue que bien qu’éplorée, Marie pris soin de ce dernier, en mère attentionnée, lui concoctant de bons plats, demeurant à son écoute, priant avec et pour lui. Elle a dû l’aimer si profondément qu’il fut en mesure de traverser cette épreuve dans l’amour, la foi et l’espérance.
Mission d’Amour
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.
Jean 13, 14-15.
Après 7 ans d’absence, j’ai eu la grâce de retourner en Côte d’Ivoire cette année et de revoir mon père à deux reprises : en février, puis en mai 2024. Alors que le premier voyage avait été organisé dans l’idée de lui présenter ses petits-enfants, le second n’était pas prévu. Ce fut l’initiative de ma sœur cadette qui, de façon inopinée, décida qu’on aille auprès de lui. Il était déjà souffrant depuis un certain temps.
À travers ce qui s’avéra être une véritable mission d’Amour, ma sœur et moi nous mîmes au service de notre père, à l’exemple de Marie et du Christ serviteur, multipliant paroles, gestes et offrandes d’Amour… Ce moment privilégié me fit reconsidérer le plaidoyer de ma grand-mère. À sa manière, et tout comme le Christ avec Marie et Jean, elle me confiait le fils qu’elle aimait.
Ainsi, forte de ce regard transfiguré, les paroles jadis anxiogènes prirent en mon cœur un sens nouveau, et moi, Janys Marie-Espérance, j’accueillis Jean-Espérance, fils bien-aimé du Seigneur, mon frère dans la foi. En communion spirituelle avec Marie, je m’attelai à prier pour mon père jusqu’à sa mort, à intercéder afin qu’il soit enfanté d’En Haut, à la Vie Éternelle…
De fait, son décès survenu au mois d’août, marqué par l’Assomption de la Sainte Vierge, n’a rien d’anodin pour moi…
Douloureuse Passion
« Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
Romains 5 : 3-8
Notre père a commis beaucoup d’erreurs, « que celui qui n’a jamais péché lui jette la pierre » (Jean 8, 7), il a également beaucoup souffert dans la maladie, des souffrances qui s’intensifiaient sans causes palpables. Après ce qu’il a fait, il a ce qu’il mérite (Luc 23,41), avons-nous été nombreux à penser. Pourtant, dans ces douleurs, Jésus a visité le pécheur qu’il était pour qu’il se convertisse (Luc 5,32).
« Je le confesse, j’ai commis beaucoup d’erreurs, je vous demande pardon »
L’expérience décapante de la maladie a conduit papa à la repentance. Dans sa miséricorde, le Seigneur est descendu dans les enfers de son âme, le justifiant par son sang, afin qu’il devienne juste, et qu’il soit sauvé par lui de la colère de Dieu (Romain 5, 9). Je glorifie Son Nom !
Je pus aussi contempler la persévérance et la résilience de papa Espérance. Malgré la douleur, il luttait sans se résigner. Il voulait guérir, il s’accrochait à la vie, il ne désespérait pas ; ses peines ont fait naître l’espérance dans son cœur. (Romains 5, 3-5)
« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les autres détenus les écoutaient. Tout à coup, il y eut un violent tremblement de terre, qui secoua les fondations de la prison : à l’instant même, toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous les détenus se détachèrent ».
Actes 16, 26-40.
Esprit de Force
Papa était choriste, il aimait chanter. Il le disait d’ailleurs à ma grande sœur, elle-même chantre : « c’est moi la plus belle voix de la maison ».
Au soir de sa vie, même lorsqu’il avait du mal à s’exprimer, il chantait des cantiques. Les louanges qu’il adressait à Dieu ont ouvert son âme à la vie céleste, la lumière brilla devant lui et il ne put s’empêcher de suivre l’ange que le Seigneur envoya pour le délivrer (actes 12, 7-11).
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Jean 15, 13
Papa nous a aimés. Il avait certes du mal à l’exprimer ou à le dire, mais il nous l’a démontré à la fin de sa vie : « je ne veux pas être une charge pour vous, gardez votre argent pour d’autres dépenses ». À travers cet acte sacrificiel, il accomplira de manière éminente sa vocation de Père, préférant la vie de ceux qui lui survivraient, il nous aima plus que lui-même.
« Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Luc 22, 32.
« Je te sais sensible, mais aussi forte » me disait-il. Cette force qu’il me prédisait, c’est dans le deuil que je la découvre, folie pour les hommes (1 corinthiens 1, 18). Cette force, répandue dans mon cœur par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Romains 5, 5), attise ma joie malgré la peine. Pour certains, je refoule mes émotions, pour d’autres, je suis dans le déni, mais devrai-je pleurer comme si je n’avais point d’espérance ? (1 Thessaloniciens 4, 13).
Il est vrai que je ne le verrai plus dans ce monde, mais j’ai l’assurance de son salut ! Aussi, je reste persuadée qu’il intercède pour nous et que ses prières, tel un parfum de bonne odeur, subsistent devant Dieu (Apocalypse 8 :4). « L’Espérance ne déçoit pas » (Romains 5, 5) !
Saint Jean-Espérance prie pour nous !
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Magnifique témoignage de vie et de Convention interieure