Le quotidien peut parfois être très exigeant. Entre le boulot, les études, les amis et les multiples sollicitations de la vie de famille, on est souvent amenés à donner, donner, donner… Quitte à s’éparpiller complètement. Préoccupé ou accaparé par ce qui se passe à l’extérieur de nous même, nous encourons le risque de nous déconnecter de notre être intérieur, d’épuiser notre réservoir affectif, de mettre à mal notre santé physique et mentale.
L’expérience du Burnout m’a appris l’importance d’être à l’écoute de moi-même, de mon corps et surtout de mon cœur ; de la vérité que je porte en moi. Cette expérience douloureuse mais “initiatique”, m’a révélé mon humanité ; et cette humanité est un mystère que je découvre tous les jours un peu plus.
“Nous sommes notre sensibilité, nous ne sommes jamais notre raison. L’homme n’est pas un animal raisonnable. Il est une sensibilité, il est une passion, il est un immense désir, il est une formidable inspiration.”
Maurice Zundel
Nous nous pensons à tort comme des êtres purement rationnels et j’avoue volontiers être coupable de cette façon de me représenter qui je suis. Pourtant, à mesure que je cultive ma vie intérieure, je fais l’expérience de sentiments et d’émotions qui me dépassent parfois moi-même. Je me surprends à me demander pourquoi telle chose m’émeut ou pourquoi telle autre chose m’irrite.
Dans ces moments, je réalise que je ne m’appartiens pas, que je ne me possède pas… Je suis à bien des égards un mystère pour moi-même. Je suis un don, une école et un chemin : je suis une créature ! Cette prise de conscience oblige à rechercher, à cultiver et à entretenir une relation avec son créateur, afin de se découvrir en vérité. Un créateur qui se révèle comme “Père” et qui en son Fils, a envoyé “la vraie lumière qui éclaire tout homme” (1 Jn, 9).
En m’exposant à cette lumière qui est le Christ, mon humanité prend son sens véritable, elle devient le matériau d’une histoire sacrée, un lieu de rencontre avec le divin.
“Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes”
(1 Cor 6,19)
En reconnaissant notre statut de créatures, appelées à la dignité de fils et de filles dans le Christ, notre façon de vivre change. Conscients que nous ne sommes pas la source de notre vie ; qu’elle vient de Dieu et ne peut trouver son sens qu’à la lumière de sa parole, il s’opère en nous une forme de décentrement, une transformation. Notre égo, nos raisonnements et nos passions se suspendent, se soumettent à sa Vérité.
Nous cessons d’être le centre et toute notre vie devient écoute, accueil et obéissance. Écoute de la parole de Dieu, accueil de ses volonté et obéissance à sa sagesse. Mais en définitive, nous devenons véritablement qui nous sommes, car le créateur seul peut nous révéler notre identité.
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Obéir à Dieu, c’est consentir à perdre ses repères, car “nos pensées ne sont pas celles de Dieu” (Is 55,8). C’est comme ça que je comprends ce verset des écritures où le Christ parle de “perdre sa vie pour le royaume” (Lc 9,24).
C’est accepter d’être en décalage sur un monde dont la sagesse est folie pour Dieu (1 cor 13,19), tenir pour bon, vrai et sûr, ce que Dieu dit, et rien d’autre ! C’est exigeant, difficile et peut sembler complètement insensé, mais nous pouvons être sûrs que “l’espérance ne déçoit pas“(Rm 5,5) et que l’obéissance au maître de la vie, conduit nécessairement au bonheur !
“Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras “
(Deut 30,16)