Méditation de la Veillée Pascale

4 R

“Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance.” ( Gn 1,26a )

Ce soir nous entrons dans la nuit la plus sainte du calendrier liturgique, la nuit de toutes les nuits, la nuit sainte dont jaillit le jour éternel. C’est au cœur de cette nuit que la vie a vaincu la mort ; les chaînes des enfers n’ont pas pu retenir le Maître de l’univers ; notre victoire a réellement jailli du tombeau ! Alléluia!!!

En cette nuit sainte, tout ce qui était obscurci par le péché et la mort devient aussi clair que le jour ; notre nature nous est révélée, notre destinée nous est réouverte, car notre destinée c’est le Paradis. Au commencement, lorsque Dieu nous fit à son image et selon sa ressemblance ( Gn 1,26a ), Il nous fit semblable à Lui pour que nous marchions avec Lui, face-à-face avec notre Créateur dans le Jardin d’Éden. Par le péché nous Lui avons tourné le dos et nous avons embrassé notre égo, découvrant la frayeur de la mort qui nous a asservi au péché. Mais bien que nous ayons choisi de nous éloigner de Lui, Dieu, Lui n’a jamais choisi de s’éloigner de nous et dès le commencement, Il s’est lancé à notre poursuite. De Adam à Abraham, Dieu a recherché des personnes désireuses de marcher avec Lui dans la sainteté, afin qu’à travers elles, il puisse ramener à Lui tous ses enfants dispersés. Alliance après alliance, Dieu renouvelle son engagement envers la race humaine, même lorsque celle-ci n’a que faire de son amour. Et dès Abraham il fait la promesse : “Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance.” ( Gn 22,18 ) Par pur amour, Dieu choisit Abraham, afin qu’en lui, toutes les nations de la terre reçoivent la bénédiction. Dieu est déjà à l’œuvre et pense à chacun de nous, alors que nombres de peuples l’ignorent encore.

De Abraham à l’exode, Dieu se montre fidèle de génération en génération ; Il montre sa détermination à libérer l’humanité de tous ses esclavages ; Il montre aux hommes qu’il s’intéresse personnellement à leur condition et qu’il partage leur peine. Et lorsque les forces qui oppressaient les Israélites vinrent à leur poursuite et que les Israélites crièrent vers Dieu, “l’ange de Dieu, qui marchait en avant d’Israël, se déplaça et marcha à l’arrière. La colonne de nuée se déplaça depuis l’avant-garde et vint se tenir à l’arrière, entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël.” ( Ex 14,19 ) En d’autres termes, c’est Dieu lui-même qui mena le combat pour eux. Et quand bien même le peuple d’Israël après avoir vu de ses propres yeux les prouesses du Seigneur, s’est éloigné de Lui, Dieu n’a cessé à travers ses prophètes de rappeler son peuple à Lui, de lui proclamer son amour et sa tendresse, et de l’inviter à la conversion intérieure. “Oui, comme une femme abandonnée, accablée, le Seigneur te rappelle… ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, – dit le Seigneur, qui te montre sa tendresse.” ( Is 54,6a.10bc ) Combien d’entre nous auraient une telle patience ? Un tel amour ? Une telle tendresse ? Et pourtant c’est à l’image de ce Dieu que nous avons été faits. Il vient donc nous rappeler qui nous sommes en Lui, qui nous sommes appelés à être, et qui nous pouvons effectivement être. Il sait qu’à cause du péché, nous sommes faibles et susceptibles ; c’est pourquoi Il garantit notre salut sur sa propre parole et non sur la nôtre : “Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle” dit le Seigneur ( Is 55,3b ), une Alliance qui ne sera pas que de bouche, mais qui sera inscrite au plus profond de nous-mêmes. “Je vous purifierai” dit le Seigneur, “Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois” ( Ez 36,25b-27b ). Ce sont des personnes nouvelles que Dieu désire et non des marionnettes, des êtres qui peuvent être aimés et aimer; non des machines programmées.

C’est pourquoi Dieu a envoyé son Fils Unique, l’ultime signe de son amour, l’Incarnation de sa poursuite éternelle après nous. “Lui qui était de nature divine, n’a pas jugé son égalité à Dieu une chose à laquelle s’accrocher. Mais au contraire il s’est dépouillé, embrassant la condition humaine.” ( Ph 2,6-7 ) En Dieu donc, il n’y a pas d’égo mais un mouvement constant de don de soi qu’on appelle la Grâce. Et dans ce mouvement extrême de dépouillement, à l’opposé de l’égo, “il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une Croix.” ( Ph 2,8 ) C’est là le symbole de la nuit ténébreuse dont jaillit le jour éternel : c’est dans la faiblesse humaine que la puissance de Dieu s’est manifestée, dans le dépouillement extrême que Dieu a trouvé bon de se glorifier, c’est dans son humilité que Jésus a été élevé ! La stupéfaction des femmes face au tombeau vide est la stupéfaction des hommes et des femmes au long des siècles face à l’intensité de l’amour de Dieu : Comment est-ce possible ? Qu’est-ce que cela peut-il bien signifier ? Être aimé d’un amour sans pareil, comment pourrais-je en être digne ? La voix de l’Ange nous rassure encore aujourd’hui : “Ne soyez pas effrayées !… Il est ressuscité” ( Mc 16,6 ). En d’autres termes, ça ne dépend pas de nous mais de l’action de Dieu ; ce n’est pas quelque chose qu’on mérite mais un don qu’on reçoit. Il nous le donne, non pas parce que nous le méritons mais précisément parce qu’il nous aime.

Ainsi, “nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême.” ( Rm 6,3 ) Descendus au tombeau avec Christ à notre immersion, nous en sommes sortis des personnes nouvelles. “L’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché.” ( Rm 6,6 ) Maintenant nous sommes libres de vivre comme Christ ; purifiés, renouvelés de cœur et d’esprit par l’Esprit du Baptême, nous avons été remodelés à l’image de Dieu et selon sa ressemblance. Nous avons de nouveau les outils pour vivre en personnes qui marchent main dans la main avec l’Éternel ; s’il nous a recréés, “c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts.” ( Rm 6,4bc ) Célébrons donc notre sortie du tombeau, ouvrons une fois de plus nos cœurs à la glorieuse lumière de la Résurrection. Renouvelons notre engagement de foi envers l’Éternel qui nous poursuit depuis le commencement. Accueillons son cadeau d’amour qu’il offre en Jésus-Christ par l’Esprit-Saint.

😇 Alleluia, le Christ est vivant ! 😇

Réflexion par Fra. Baudry Metangmo, OFM Cap

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