« Le jour où l’on découvre sa faiblesse, c’est une expérience difficile, mais en même temps la voie royale pour découvrir que l’on ne peut pas vivre sans amour, que l’on ne peut pas vivre sans les autres. » – Véronique Dufief (Aleteia)
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Avant le début de ce temps de Carême, je ne savais pas trop quelles résolutions choisir, je me suis d’ailleurs longuement questionnée sur la ou les résolution (s) qui m’aiderai(en)t le plus à grandir dans ma relation avec le Seigneur, avec les autres, et avec moi-même. Et puis, de fil en aiguille, à travers plusieurs événements qui sont venus mettre en lumière ma vulnérabilité, le chemin s’est davantage éclairé. À mesure que grandissait mon inconfort, que coulaient parfois mes larmes, j’ai pu entrevoir cette invitation constante et retentissante :
“N’aie pas peur, accueille ta pauvreté, je t’y rejoins et je me révèle à toi!”
Lorsqu’on a des tendances perfectionnistes et qu’on a une sensibilité à fleur de peau, un peu comme Ste Thérèse de l’enfant Jésus qui “pleurait d’avoir pleuré” (c’est aussi mon cas), accueillir sa fragilité est un exercice qui est loin d’être facile, ni agréable aux premiers abords. C’est un exercice profond d’humilité qui bouleverse intérieurement. Ce bouleversement est d’autant plus troublant que j’ai réalisé que plus je grandissais en oraison, plus mes faiblesses étaient mises en lumière. C’est donc littéralement un chemin de Croix pour le coeur. D’ailleurs, parlant de chemin de Croix, n’est-ce pas vers là que converge le temps de Carême, vers la Croix ? N’est-ce pas vers cette Alliance aimante et vivifiante vers laquelle nous cheminons ?
Ce lien entre la Croix et l’accueil de sa pauvreté a donc été pour moi une clé de lecture inouïe pour vivre mon carême. C’est une clé qui nous ouvre la porte de beaux mystères et qui nous permet de déjouer l’un des plus grands pièges de l’ennemi : la désespérance. En effet, parce que la vue de nos faiblesses vient briser l’image que nous avons de nous-mêmes et réveiller les nombreuses peurs qui y sont associées (la peur d’être moins digne d’amour) , la tentation de désespérer de soi, d’abandonner, de s’arrêter en chemin est grande !
Cette tentation fige notre regard et notre cœur sur nous-mêmes et nous pousse au repli sur soi ! Cependant, c’est là que le Seigneur nous invite à faire preuve d’humilité, de courage, d’héroïsme... Il s’agit d’aller au-delà de soi-même, de ses peurs, de la douleur de son égo brisé et de ses propres jugements, pour accueillir la grâce; accueillir le don, accueillir Dieu afin que Lui nous porte, nous transforme et nous vivifie ! En somme, c’est oser se laisser aimer en dépit de nos imperfections, oser demander le Salut !
C’est le Mystère de la Croix, le lieu où le dénuement le plus total devient l’autel de l’Alliance, le lieu de la révélation de la Puissance de l’Amour de Dieu ! Le lieu de la manifestation de sa Miséricorde qui embrasse nos misères et nos fragilités les plus profondes pour les absoudre dans sa Grâce; l’espace où l’Amour vient s’établir en nous, où la Vie se déploie et où se vit la plus extraordinaire des communions !
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle » – Jean 12 : 24-25
En consentant à nous laisser aimer par Dieu au milieu même de la douleur causée par nos imperfections, nous découvrons que comme à Golgotha, le lieu de l’humiliation peut devenir le siège de la Gloire et de la Fécondité. Effectivement, dans la misère accueillie et vécue en communion le Christ, nous sommes rachetés par son sacrifice, enfantés à l’Amour du Père. Ainsi, heureux sommes-nous d’être faibles, limités, torturés… nous nous découvrirons infiniment accueilli, aimés et justifiés ( rendus justes ). Aimés malgré nos contradictions et nos paradoxes, justifiés par le sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ, mort pour les pécheurs, dépositaires de son Esprit ! C’est fort de son oeuvre de Salut par la Miséricorde que nous pouvons à notre tour mieux aimer et laisser le Seigneur se donner aux autres à travers les pierres rejetées de nos vies.
Ainsi, alors que nous avançons à grands pas vers la Passion et la Résurrection du Christ, puisse le Seigneur nous donner le courage et l’héroïsme d’offrir en communion avec Lui et l’église, nos pauvretés et nos fragilités. Qu’unies au sacrifice de Fils de Dieu, nos offrandes deviennent des chefs d’œuvre de Miséricorde et de Grâce !
“Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi.” – 1 corinthiens 12 :9
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Photo par Jazmin Quaynor sur Unsplash