« M’Aimes-tu ? »

« La matière première de la grâce, c’est notre misère et notre pauvreté » – Père Nicolas Buttet

Pauvreté, misère, fragilité… Voici un trio qui jalonne mon quotidien. Un trio qui me rappelle continuellement mon besoin de la grâce divine. Cela dit, faire face au quotidien à ses manques d’amour, aux scléroses de son cœur, à son orgueil, à sa susceptibilité et j’en passe, est loin d’être chose aisée ! C’est même une épreuve douloureuse face à laquelle notre cœur est tenté de vaciller vers la culpabilité. Une épreuve qui vient bien souvent, ébranler l’image que l’on se fait de soi. Toutefois, cette épreuve nous confronte à cette grande question :

« Acceptes-tu de te pardonner ? »

Demander pardon à Dieu est une chose, mais laisser son pardon rejoindre la profondeur de la blessure liée à notre péché, voici tout un défi ! Accepter de se pardonner est un chemin de profonde humilité qui commence par l’acceptation de sa fragilité, de sa pauvreté, de ses limites. Néanmoins, derrière son allure éprouvante, ce chemin n’en demeure pas moins pour nous une grâce, une invitation à découvrir un trésor

Pour arpenter le chemin vers ce trésor, j’aimerais partager avec vous un passage biblique qui me remue jusqu’aux entrailles et revivre avec vous ce dialogue touchant entre Simon-Pierre et le Christ en Jn 21;15-17 :

Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. ». Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. ». Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis »

Souvenons-nous; Pierre avait clamé qu’il donnerait sa poitrine; sa vie pour Jésus qu’il aime tant. Pourtant à l’heure de la Passion, au moment d’en montrer la preuve, la fougue de son amour est étouffée par la peur du regard des autres et le voilà qui renie son ami… Néanmoins, dans le regard miséricordieux du Christ, il trouve la grâce de la contrition et du repentir, mais il garde encore un goût amer de cet épisode. Ne lui ressemblons-nous pas un peu par moment ? Toutefois, dans ce dialogue en vérité, Jésus va lui poser la question suivante:

« M’aimes-tu ? »

Je t’ai pardonné, mais toi, m’aimes-tu plus que ta faute ? M’aimes-tu plus que tes manquements ? M’aimes-tu plus que ta propre image de toi-même ?

Quelles questions… Elles requièrent de nous une humilité et une confiance incroyable ! Tout comme avec Pierre, le Christ nous invite à ne pas nous regarder nous-mêmes, à ne pas ruminer nos fautes ou nos offenses indéfiniment, mais à les lui porter, à le laisser être notre Sauveur, à nous laisser traverser par sa Miséricorde. En dépit de nos manquements, il nous exprime son rachat en nous invitant à professer de nouveau, mais différemment, notre amour. La nouveauté de cette profession d’amour, c’est qu’elle ne s’appuie plus uniquement sur nos forces. C’est une déclaration d’amour qui cette fois reconnaît sa fragilité et qui désire s’appuyer sur la seule source infaillible de Sainteté : La Grâce !

« Seigneur, toi tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » (Jean 21 :17)

De cette nouvelle profession d’amour fondée dans l’humilité et la foi, le Christ Ressuscité peut désormais nous envoyer en mission et réaliser le chef d’oeuvre qu’il veut faire en nous : être des trésors de Miséricorde et de Grâce !

Voici le couronnement de la contrition et de la repentance qui plaisent à Dieu. Parce que nous avons fait nous-mêmes comme Pierre, l’expérience de notre misère, nous saurons être les missionnaires que Dieu désire. Du vase d’argile que nous sommes, pourra jaillir l’Amour Miséricordieux, pour tous ceux vers qui nous seront envoyés !

Voici l’invitation du Christ Ressuscité ! Il nous appelle à son service, malgré nos limitations. Et si nous y répondions ? Et si nous acceptions de quitter notre culpabilité, de sortir de nos doutes et de nos craintes, pour nous confier à sa grâce ? Et si rien qu’aujourd’hui, nous disions en dépit de ces voix qui nous font vaciller :

« Seigneur, tu sais tout, tu sais le plus bas où je suis allé(e), tu sais ma misère et ma pauvreté. Mais surtout, tu sais que je t’aime, que je veux t’aimer. Fort(e) de ton Amour, je désire me pardonner et être pour mes frères et sœurs, un chef d’œuvre de ta Miséricorde. Amen ! »

« Nous ne sommes pas des saints qui pleurons nos péchés, mais nous nous réjouissons de ce qu’ils servent à glorifier la miséricorde de Dieu » – Ste Thérèse de Lisieux

POUR NE JAMAIS MANQUER UNE PUBLICATION 👇

Photo par Jessica Felicio sur Unsplash

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous Aimerez Aussi