Thomas, Mon Jumeau

S’il est vrai que Thomas est souvent présenté comme l’incrédule, c’est à tort que cette étiquette lui est posée. En vérité, bien qu’on souhaiterait justifier nos tiédeurs spirituelles en les assimilant aux doutes de Thomas, l’Évangile nous présente plutôt Thomas comme un homme puissamment transformé par la Foi, transformé par les plaies de Jésus. 

Thomas, le jumeau, notre jumeau, mon jumeau, nous donne un exemple de profession de foi touchant.

Si Thomas semblait dubitatif, ce n’est pas parce qu’il refusait de croire ; il exprimait ainsi la douleur de ses émotions, de ce deuil trop lourd à supporter.

Thomas est désorienté, il est dans le désarroi car avec les autres apôtres (sauf Jean), il n’a pas été fidèle à Jésus jusqu’au bout. Il a manqué le rendez-vous de la Croix. Jésus leur avait dit qu’il est le « Chemin », mais à présent, Thomas est troublé car Jésus a été crucifié et mis au tombeau. Thomas semble ne plus avoir de chemin, c’est ainsi qu’il le ressent, il est perdu.

Thomas aimait tellement Jésus malgré sa faiblesse, et c’est avec le cœur brisé, dans la douleur du deuil et dans la culpabilité, qu’il rencontre ses amis et compagnons qui lui annoncent qu’ils ont vu le Seigneur. Ses compagnons étaient-ils en train de vouloir se consoler et consoler sa peine en niant la réalité ? Vu leur trahison lamentable, peut-être allaient-ils se faire passer un savon par leur Rabbouni ? Thomas était confus, la voix de l’accusation retentissait en lui, et il était également de nature pragmatique.

Il désirait faire l’expérience des choses, voir leur effet pratique pour les admettre. N’est-ce pas un peu comme nous ? Combien de fois butons-nous face à ce que Dieu nous demande de faire car l’on se prémunit de l’étiquette pragmatique ?

À plusieurs reprises, on a pu noter dans la Bible que Thomas ne comprenait pas les paraboles de Jésus. Par exemple dans Jean 11, Jésus dit à ses disciples qu’il va réveiller Lazare de son sommeil, et qu’ensuite ils devront aller à Jérusalem pendant qu’il fait encore jour, même s’il y avait été lapidé précédemment.

Thomas faisait partie de ceux qui n’avaient pas compris. Néanmoins, lorsque Jésus parle de manière plus terre à terre et leur dit que Lazare est mort et que ce qu’ils allaient expérimenter était une manifestation de la gloire du Père et du Fils, là Thomas comprends ! Son intelligence est éclairée ! Il est même plus audacieux que les autres en disant :

« allons-y nous aussi pour mourir avec notre Maître ».

En vérité, la foi de Thomas se heurte à l’inattendu divin et à l’incompréhension. Lorsque Thomas dit : « si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai pas », il exprime au-delà du doute beaucoup d’amour.

Ce n’est pas tant la vision du Ressuscité elle-même qu’il veut, mais c’est la pénétration du mystère. Ces plaies qu’il désire toucher sont en réalité les plaies du Christ, blessé par le péché pour lui Thomas, et pour chacun de nous. C’est cette vision même qui se déploiera sous ses yeux. 

Thomas demande à ses compagnons des preuve mais c’est Jésus qui prend l’initiative de la rencontre, invitant à son disciple à s’approcher de lui, et à toucher son Corps.

Ce don de Jésus pour sa vie, retourne le cœur de Thomas, et lui fait dire l’une des plus belles professions de foi :

« Mon Seigneur et Mon Dieu ».

Jésus sait ce dont nous avons besoin et il nous le donne. Pour Thomas, cette initiative divine de se manifester à lui, pauvre pécheur, lui révèle la surprise de la Résurrection. Dès lors, son intelligence s’éclaire !

Dieu est surprenant, et sa puissance va au-delà de notre entendement. Thomas, le pragmatique, expérimente l’inouï de Dieu. Thomas comprend que la Résurrection de Jésus est l’expression même de la Miséricorde divine. Voir Jésus Ressuscité, c’est comprendre que les souffrances du Messie avaient un sens, elles étaient la manifestation de l’amour divin. Lui, Thomas, comprend qu’il a tellement de prix aux yeux de Dieu, que Dieu a bien voulu que son Fils, 2e personne de la Trinité soit sacrifié sur la Croix par amour pour lui !

En voulant toucher les plaies de Jésus, ce sont ses propres plaies qui sont touchées. Il voit sa lâcheté transfigurée, son péché pardonné, son incrédulité dépassée par la foi, son cœur brisé unifié…

La Résurrection devient l’histoire de sa propre vie, qui dans la Pâques de Jésus, devient passage de la mort à la vie, du péché à la liberté, de la culpabilité à la miséricorde. La profession de foi de Thomas le lie à jamais à Jésus, et il devient ainsi un disciple véritable, prêt à donner sa vie pour son Dieu à travers l’annonce de la Bonne Nouvelle, l’Évangile !

Tout comme Thomas, Jésus nous invite à nous approcher de lui, de son trône de gloire en touchant à ses plaies à travers nos propres blessures et celles des autres, par le sacrement de la Réconciliation (confession) et de l’Eucharistie, afin de nous laisser submerger par son amour miséricordieux, et de ranimer la foi de nos cœurs qui vacillent par le doute.

Du doute, la foi de Thomas s’élève sur des piliers solidement ancrés parce qu’il fait lui-même l’expérience de Dieu. Nous sommes donc de manière analogue appelés à approfondir les piliers de notre foi.

Nous avons besoin d’avoir des piliers solides également afin d’avoir le bon discernement et de ne pas nous laisser ébranler à chaque fois qu’un semeur de trouble vient remettre notre foi en question. En plus de nous exhorter à une meilleure connaissance de Dieu, à la connaissance de la divinité du Ressuscité, Thomas, nous invite à faire une expérience personnelle avec Dieu, car c’est seulement ainsi que nous pouvons être des témoins de Dieu dans le monde.

Finalement, l’exemple de Thomas nous enseigne que la foi est un état en perpétuel construction, qui fait son chemin à travers les doutes quotidiens.

Il a fallu 8 jours à Thomas pour faire sa confession devant Jésus, cela montre que la foi est un cheminement dans lequel nous devons mûrir jusqu’à son accomplissement à la fin de notre vie terrestre. 

Aujourd’hui donc, malgré ton cœur qui vacille, malgré ta culpabilité, n’aie pas peur de t’approcher du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et secours (Hébreux 4 :16) en Christ !

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Photo par Eye for Ebony sur Unsplash

9 comments
  1. Merci pour la profondeur de ce texte et aussi merci de nous rappeler que « la foi est un état en perpétuel construction, qui fait son chemin à travers les doutes quotidiens »

    1. Gloire à Dieu ma belle !! Vraiment un beau chemin quotidien, où même nos imperfections nous y conduisent 🙏🏾🌹

  2. Quel texte! Chapeau, tu as tellement bien présenté Thomas. Ce qui nous permet de voir les choses différemment. Merci

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